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14 janvier 2021

Les Tops de l’année 2020

Chaque fin d’année, le Mensuel des Maisons de Retraite établit ses « Top ». Prétexte à retenir ce qui a fait l’actualité et ce dont nous nous souviendrons.

Le top 3 des événements

1. La crise du Covid-19

Compliqué d’oser même mettre la crise du Covid dans un tel « classement » tant cette crise sanitaire est évidemment un évènement d’une portée qui nous dépasse tous. Une portée historique autant qu’existentielle. Une portée dramatique également puisque près de 30.000 résidents d’Ehpad ont succombé à ce virus.

Même le drame de la canicule qui avait pourtant marqué durablement le secteur du grand âge apparaît comme dérisoire au regard de la puissance dévastatrice du Covid-19 et surtout de sa durée dans le temps et de son ampleur planétaire.

Dire qu’il y aura un avant et un après apparaît même absurde puisque l’après n’a en réalité toujours pas commencé. La crise aura tout bouleversé : la perception du grand âge par l’opinion publique, la place des familles et des aidants ; le rôle et le principe même de l’Ehpad comme lieu de concentration de la grande dépendance.

2. La création d’une 5ème branche,

A n’importe quel moment depuis 15 ans, la création par le législateur d’une « 5ème branche Autonomie » aurait été considérée comme un évènement historique. Mais elle est arrivée au cours d’une telle année qu’elle en apparaîtrait presque anecdotique. Il faut dire que cette 5ème branche est au cœur d’un paradoxe : si personne ne doute que l’armature ainsi créée servira la cause du grand âge dans les prochaines années, force est de constater que pour l’heure cette architecture n’est qu’une voiture sans essence. Pour le dire autrement, le 5ème risque ne sera une bonne nouvelle que si elle est rapidement suivie d’une autre bonne nouvelle : la convocation du pompiste pour remplir, même partiellement, le réservoir de cette bagnole prometteuse.

3. Le Ségur de la Santé

Alors qu’après la remise du rapport El Khomri à l’automne 2019 on allait voir ce qu’on allait voir, on n’a absolument rien vu. Il aura fallu quelques 15.000 morts en Ehpad entre mars et mai 2020 pour que ce qui était totalement irréaliste devienne possible : soit la plus forte revalorisation des salaires décidée dans le secteur des Ehpad. Certes, le service après-vente de cette mesure connaît quelques ratés et quelques lenteurs ; certes, il s’agit ici d’une augmentation massive mais qui ne rend pas folichonne pour autant l’attractivité des carrières des métiers du grand âge ; certes cette augmentation n’a à ce stade aucun effet sur l’autre augmentation attendue : celle des ratios de personnels dans les Ehpad. Mais pour autant, impossible de cracher dans la soupe. Impossible de ne pas reconnaître que le Gouvernement a pris la mesure du traumatisme créé au printemps en allongeant plus de 8 milliards d’euros. Ce n’est pas suffisant. Mais moins, aurait été encore … moins suffisant.


Le top 5 des personnalités

1. Olivier VERAN, ministre de la Santé

Le soir du 15 février dernier lorsqu’il s’est endormi, le député Olivier Véran ne se doutait pas qu’à compter du lendemain sa vie allait basculer et qu’il allait en quelques semaines devenir le ministre le plus connu des français. Jamais un ministre de la Santé n’avait été confronté sous la Vème République à une telle pandémie. Et quoi qu’on puisse penser des atermoiements, des hésitations voire des erreurs du Gouvernement, Olivier Véran aura été solide comme un roc. Calme, pédagogue, en appui des professionnels, il aura été de surcroît l’homme de la « 5ème branche », coup politique qu’il a obtenu grâce à l’autorité politique qu’il aura acquise lors de la 1ère vague. Et pour couronner le tout, il aura réussi son « Ségur de la santé », mobilisant 8 milliards d’euros et obtenant la signature des partenaires sociaux. Dans cette tempête, le neurologue devenu ministre aura été à la hauteur.

2. Florence ARNAIZ-MAUME, déléguée générale du Synerpa

Il fallait bien un jour un remplaçant au médiatique Pascal Champvert. Ce sera une remplaçante. La déléguée générale du Synerpa aura, de mars à décembre, des masques aux vaccins, rempli l’espace médiatique comme rarement avant elle. De Bourdin à Apolline de Malherbe, de France Info à RTL, du Monde au Figaro, elle aura été partout, aux côtés de F. Valletoux ou R. Ghizolme, la porte-parole d’une profession qui passait du rôle de victime à celle de coupable selon les périodes. Ses conférences de presse ont mobilisé chaque fois de très nombreux journalistes. Sa sérénité et son sens de la pédagogie en ont fait ce que les médias appellent une « bonne cliente ». Et puis une femme, porte-parole du secteur, ce n’était pas arrivé depuis quand ? Ah ben depuis jamais en fait…

3. Aurélien ROUSSEAU, directeur général de l’ARS Ile de France

Ah qu’il serait si jouissif en ces temps de dégagisme et de complotisme de tailler un costard à ces ronds-de-cuir technocrates responsables de tous les maux et de toutes les pénuries. Sauf que ce serait nier à bon compte l’incroyable investissement des agents des ARS et de certains Départements. On pourrait citer Etienne Champion, directeur de l’ARS Hauts-de-France mis lui-même en quarantaine dès le mois de mars quand l’épidémie a débuté dans l’Oise. Mais c’est peut-être Aurélien Rousseau qui symbolise le mieux cet engagement. Il a été sur tous les fronts de mars à décembre puisque l’Île-de-France aura été sévèrement touchée par les deux vagues. Calme, pédagogique, médiatique quand il le fallait, livreur de conseils quand c’était nécessaire, aux larmes quand il a eu à déplorer fin mars le décès de Pierre Housieaux, cet énarque brillant et drôle, a donné ses lettres de noblesse à des ARS parfois injustement critiquées.

4. Séverine LABOUE, Laurent GARCIA & Charlotte EUVRARD

Evidemment, sur 7000 Ehpad, on aurait pu citer des milliers de noms de directeurs et de soignants qui furent au rendez-vous de la crise. On en a choisi trois, symboliques. Séverine ­Laboue, directrice dans le secteur public (CH Loos-Haubourdin), habitué de nos colonnes et administratrice de la FHF. Présente dans les médias, elle a porté la voix du secteur public et a mis beaucoup d’énergie à montrer sur les réseaux sociaux les multiples initiatives qu’elle prenait dans son Ehpad. ­Laurent Garcia est cadre de santé à l’Ehpad public de Bagnolet. C’est lui qui s’est retrouvé au cœur du reportage qu’a publié Le Monde fin mars racontant l’immersion de 11 jours dans son Ehpad de la grande reporter Florence Aubenas.  C’est lui qui s’est retrouvé devant le micro de Léa Salamé lors d’une matinale de France Inter. C’est lui enfin qui poste presque chaque jour sur Twitter des résidentes chantant et dansant. Charlotte Euvrard est la directrice de l’Ehpad Korian à Thise dans le Doubs, un Ehpad durement touché dès le début de la crise. Lors des Assises des Ehpad, en septembre, 400 personnes ont écouté bouche bée et larme à l’œil le témoignage de cette jeune femme impressionnante. Elle a conclu son propos dans ces termes : « On parle uniquement des décès en Ehpad et on ne parle jamais des personnes qu’on a sauvées. Je voudrais dire ici que nous, on en a sauvé 54… »

5. Laetitia BUFFET, conseillère en cabinet ministériel

Il n’est pas habituel de saluer le travail des conseillers de Cabinets, soutiers discrets tapis dans l’ombre de leur Ministre. On fera exception à la règle tout simplement parce que Laetitia Buffet, jeune énarque issue de la Cour des Comptes, a été, en qualité de conseillère de Buzyn, de Véran puis de Bourguignon, au chevet des fédérations tout au long d’une année éprouvante. A l’écoute, capable de régler les grands problèmes comme les petits détails, elle a fait le consensus autour d’elle.


Les 3 lectures de 2020

1. Maylis BESSERIE – Le Tiers Temps

Il fallait oser raconter les derniers mois de la vie du dramaturge Samuel Beckett dans une maison de retraite du XIVème arrondissement de Paris entre 1988 et 1989. Maylis Besserie a eu raison d’oser puisqu’elle a remporté le Goncourt du Printemps qui récompense un premier roman. « Le Tiers Temps » c’est le nom de cet Ehpad, fondé par Yves Journel dans les années 80 et désormais propriété du groupe DomusVi.  Le roman de Maylis Besserie raconte la fragilité naissante du Prix Nobel et l’attention du personnel de l’établissement. Un très beau livre. Editions Gallimard – 18€

 

2. Laure ADLER – La voyageuse de la nuit

La très belle femme de radio et de télévision qu’est Laure Adler a décidé de poursuivre le combat de Simone de Beauvoir en faveur de la vieillesse. Elle pose des mots justes sur la façon dont la génération de soixante-huitards dont elle fait partie, a décidé de franchir la barrière des 70 ans. C’est sincère, virevoltant, cultivé, joyeux. Editions Grasset – 19€

 

 

3. Marie de HENNEZEL – L’adieu interdit

Cette psychologue et écrivaine est impliquée depuis longtemps sur les questions liées à la fin de vie. On se rappelle notamment ses dialogues avec Mitterrand ou ses travaux préalables à la loi Léonetti de 2005. Marie de Hennezel a vécu le drame du Covid avec une particulière acuité. Elle a notamment critiqué les effets délétères du confinement des résidents en Ehpad. Son ouvrage a été écrit au cœur de la crise. Elle y livre le témoignage d’une femme de convictions. Editions Plon – 16€


Les 3 tendances de l’année

1. Les Départements de pied ferme

Assez paradoxalement, alors que beaucoup furent discrets pendant la crise, les Départements sortent renforcés de cette année 2020. Désormais, plus personne, à commencer par Emmanuel Macron, ne veut les dépouiller de leurs compétences. Ils attendent même sereinement que la Loi Grand Âge leur donne plus de responsabilités.

2. Priorité contre l’isolement

Avant le Covid, les Petits Frères des Pauvres étaient un peu seuls à crier dans le désert, alertant l’opinion de ce fléau qu’est l’isolement social des personnes âgées. Puis, Jérôme Guedj est arrivé. Missionné au cœur du printemps pour plancher sur ce sujet qui était jusqu’ici un « trou dans la raquette » des politiques publiques. Ces préconisations ont créé une dynamique. Qui risque de vite s’essouffler si l’Etat, comme d’habitude, regarde ailleurs.

3. Le numérique enfin…

Le virage numérique avait jusqu’ici bien fait gaffe de demeurer dans le seul giron sanitaire. Il aura fallu que le plan de relance s’y mette pour que le PLFSS pour 2021 consacre la somme impressionnante de 600 millions sur 5 ans pour rattraper le retard numérique du secteur médico-social. Reste désormais à savoir comment cet argent va être dépensé : un des grands dossiers à suivre en 2021 où une tranche de 100 millions sera déployée.


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