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5 mars 2021

L’Ehpad, plus résilient que jamais

Ceux qui veulent sa mort, qui la souhaitent ou la prédisent sont légion.

Il y a d’abord certaines voix qui ont pris prétexte des conséquences évidemment difficiles à vivre du confinement pour vouer le système Ehpad lui-même aux gémonies. Il y a aussi les Pièces à Conviction, Cash Investigation et autres Compléments d’enquête qui dénoncent depuis des années des Ehpad uniquement vus sous le prisme de la maltraitance. Il y a aussi les belles âmes du Comité national d’Ethique qui tirent régulièrement à balles réelles sur des établissements décrits comme « concentrationnaires ».

Mais la méfiance envers les Ehpad se traduit aussi depuis quelques mois par un autre biais plus insidieux : la passion dévorante des pouvoirs publics pour… l’habitat inclusif. Non que ces formules alternatives ne soient pas intéressantes. Elles le sont et constituent une véritable pièce originale dans le vaste puzzle de la prise en charge du vieillissement. Mais trop souvent, il est décrit par certains comme la formule qui va progressivement supplanter les Ehpad.

On aime d’autant plus « l’habitat inclusif » qu’on l’oppose à l’Ehpad. L’un est une prison quand l’autre ferait presque figure de phalanstère. L’un abrite des vieux soumis et contraints quand l’autre n’est que le rassemblement de citoyens éclairés et vaguement post soixante-huitards. L’un serait une usine quand l’autre serait « small » donc « beautiful ».

Sauf qu’il faut l’affirmer haut et fort au lieu de prendre les gens pour des couillons : il n’y a pas d’alternative à l’Ehpad ! Quand bien même l’habitat inclusif connaitraît un succès éclatant dans les prochaines années, il permettrait un jour, peut-être, d’héberger quelques dizaines de milliers de personnes en France quand la DREES estimait dans une récente publication à plus de 100.000 le nombre de lits d’Ehpad nécessaire d’ici 2030.

Comme il n’y a pas d’alternative à l’Ehpad alors c’est bien l’Ehpad qui doit changer, qui doit évoluer, qui doit se repenser. En 1975, on a inventé la maison de retraite qui n’était plus un hospice. En 1999, on a inventé l’Ehpad qui a profondément modernisé l’hébergement des personnes âgées. En 2021, il faut commencer à réinventer l’Ehpad de 2030, celui qui hébergera le nonagénaire qui a eu 30 ans en 1968. Avant on y écoutait du Maurice Chevalier en mangeant un bol de soupe ; demain on y écoutera du Bob Dylan en mangeant du tofu voire en fumant un petit oinj de cannabis, « thérapeutique » évidemment. Coup sur coup, le Think Tank Matières Grises et la CNSA nous invitent à nous réinventer. Et c’est peut-être plus essentiel qu’une loi Grand Âge.


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