
Le vœu du vieillissement heureux
L’année 2021 s’achève et aura été riche en rebondissements. Pas seulement parce que la crise sanitaire n’en aura pas fini de finir, ce qui est déjà une préoccupation majeure surtout qu’une nouvelle période restrictive s’ouvre, mais aussi parce que les mesures prises concernant le secteur de l’aide à domicile auront rarement autant bougé.
Avec une mauvaise nouvelle, un abandon, qui restera un des grands rendez-vous manqués du quinquennat. Adieu la loi Grand âge et sa supposée logique domiciliaire, bienvenu aux réformes « pas à pas ». Les PLFSS laissent désormais une part plus belle à l’autonomie, mais les fonds supplémentaires jouent bien plus en faveur des établissements que du domicile. Domiciliaire donc, mais pas trop.
2021 restera tout de même l’année de deux évolutions majeures : la validation de l’avenant 43, largement commentée dans ces colonnes, et le tarif plancher à 22€ de l’heure, avec une prime potentielle de 3€. Honnêtement, peu d’entre nous auraient parié sur ces deux réalisations qui traitent deux problématiques majeures : la revalorisation salariale et son impact sur l’attractivité, et le modèle économique du secteur. Qui les traitent mais ne les épuisent pas : inégalités entre entreprises et associations, Conseils départementaux non concertés et pas toujours financeurs, modèle économique non bouclé, etc. Nombre de questions restent en suspens et devront être réglées, avec plus d’ambition, de vision d’ensemble et de concertation.
Car, des avancées significatives, il faudra passer au grand souffle susceptible de réellement positionner l’aide à domicile dans le rôle clé qu’elle devra occuper dans le monde de demain, celui du libre choix, du respect dû de la personne, de l’articulation harmonieuse entre aide humaine et aide technique, entre aide professionnelle et aide familiale, celui où la prévention freinera significativement la perte d’autonomie, celui où une solution sera trouvée pour chaque personne âgée souffrant d’isolement, celui où les moyens seront mis en face des besoins, en deux mots, celui du vieillissement heureux.
Ce n’était pas pour 2021, ça ne sera probablement pas encore pour 2022, mais cela ressemble fort à une liste de vœux, que nous pouvons nous souhaiter, année après année, en vérifiant à chaque nouvel an les progrès accomplis. Au moment où des forces particulièrement régressives tentent de s’accaparer le débat politique, c’est bien cet état d’esprit qu’il nous faut préserver.
Patrick Haddad
Rédacteur du Journal du Domicile
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