Le bonheur ne fait pas l’argent
Un sondage qui tombe à pic, un plan com’ bien orchestré : ce mardi 9 juillet devait être placé sous le signe du bonheur des « âgés » de plus de 70 ans, imperméables au supposé pessimisme français. Heureux, certes, mais pas comblés par l’action des pouvoirs publics à leur égard. Michèle Delaunay, qui plaide pour que sa réforme de l’autonomie soit engagée au Parlement avant les élections municipales de mars 2014, a toutefois reconnu sans se réjouir qu’« il y aura des recettes supplémentaires à lever » pour la financer.
C’est l’information essentielle du sondage réalisé par l’institut Viavoice, en tout cas celle qu’ont retenue les médias : les vieux sont heureux. Révélés mardi, les résultats de cette enquête financée par Le Monde, France 2 et Harmonie Mutuelle – et orientée en sous-main par le ministère des Personnes âgées et de l’Autonomie – montrent en effet que 89% des 1 006 « âgés » interrogés se déclarent « assez » ou « très » heureux.
Mieux, parmi l’échantillon « représentatif » des plus de 70 ans, 76% estiment s’être « bien préparés à (leur) vieillesse », 62% n’ont pas peur de vieillir et 61% considèrent que « l’on se préoccupe bien des personnes âgées, actuellement en France ». Circulez y a rien à voir ? En fait, si. Ce bien-être revendiqué est contrebalancé par une profonde inquiétude et une revendication négligée.
Une inquiétude, d’abord, qui tient à la définition de la vieillesse, assimilée à « un sentiment de déclin » (48%). Pour les âgés, le « seuil du grand âge » est franchi dès lors que l’on n’est « plus autonome dans son logement » (54%) ou que l’on perd « une partie de ses facultés » (44%). Sans surprise, leurs deux grandes craintes sont la perte d’autonomie (51%) et la maladie (47%).
Une revendication, ensuite, liée à une offre de services et de soins jugée insuffisante (50%). Les lacunes de la prise en charge par les pouvoirs publics sont d’autant plus perceptibles (59%) que l’attente à leur égard est élevée (55%). Et la génération suivante (40-70 ans), sondée à part, se montre encore plus insatisfaite…
Michèle Delaunay tient là quelques arguments pour promouvoir l’urgence de sa loi sur l’autonomie, qu’elle s’est engagée à présenter avant la fin de l’année. Une inscription rapide à l’ordre du jour parlementaire apaiserait-elle les mécontents à l’approche d’une année électorale redoutable ? La ministre ne manque certes pas d’ambition pour sa réforme, mais reste d’une prudence de Sioux sur les moyens de la financer.
« Nous ne ferons pas recours à l’assurance privée obligatoire, c’est un engagement du Président de la République. Ce qui veut dire qu’il y aura des recettes supplémentaires à lever. Les Français y sont prêts. (…) Nous sommes dans une ou deux années très difficiles. La montée en charge du projet de loi se fera par paliers au cours du quinquennat », a-t-elle seulement concédé mardi soir, dans les dernières secondes du Téléphone Sonne sur France Inter. Qui paiera ? Et combien ? Il sera toujours temps d’en reparler après les vacances, histoire de ne pas gâcher le bonheur ambiant…
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