La grande désillusion
Alors qu’on hésitait entre impatience et espoir en ce début d’année. C’est la grande désillusion qui a frappé le secteur : la loi Grand âge et autonomie semble bel et bien enterrée avant même d’avoir été débattue.
Une victime de plus du Covid ? C’est l’explication ministérielle, via la Ministre Brigitte Bourguignon ou le porte-parole Gabriel Attal : la loi sera discutée au terme de la crise sanitaire. Un terme dont on voit mal comment il pourrait intervenir avant la fin du quinquennat, d’autant plus que selon nos collègues des Echos, le projet ne ferait pas l’unanimité au sein de l’équipe gouvernementale et un poids lourd s’exprimerait en ces termes « la réforme de la dépendance n’est pas un projet positif et porteur avant 2022, si l’on commence à mettre en avant, dans notre discours, que nous sommes un pays vieillissant et que toute notre énergie politique est mise sur ce sujet, ça n’est pas de nature à dynamiser le pays ».
Il y a donc bien un problème de volonté et de priorité. Et c’est cela la cause principale de la désillusion car après moults rapports, dont on épargnera la liste à nos lecteurs afin de ne pas remuer le couteau dans la plaie, qui devaient trouver une traduction législative, c’est une forme de promesse non tenue de ne pas aller jusqu’à la loi tant attendue. Car l’excuse du Covid est au fond assez peu acceptable. L’argumentation devrait être inverse : la crise a révélé de manière plus forte encore le caractère indispensable de l’ensemble de nos soignants au sens large, y compris ceux de l’aide à domicile, rendant le soutien à leur apporter aussi fondamental qu’urgent.
C’est d’ailleurs tout le sens du message que les professionnels ont adressé au gouvernement face à ce qui est perçu par tous comme un lâchage pur et simple. Le communiqué commun des quatre grandes fédérations associatives (Adedom, ADMR, FNAAFP, UNA) est de ce point de vue explicite « Comment imaginer que l’on puisse attendre que la crise sanitaire soit réglée pour s’attaquer au défi du grand âge ? Déjà, aujourd’hui, faute de personnel et de moyens financiers, il est impossible d’honorer toutes les demandes d’accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap. »
En résumé, le soutien aux professionnels du grand âge ne peut pas attendre la fin la crise sanitaire puisqu’il est justement indispensable pour pouvoir la traverser. Alors quel est le plan B ? L’idée d’un plan de relance spécifique à l’autonomie a été évoquée ainsi que celle d’utiliser le véhicule législatif des LFSS pour faire passer l’essentiel des mesures indispensables. Quoiqu’il en soit, la mobilisation doit continuer car la situation en l’état n’est pas tenable. Tout le travail de propositions de financement renforcé, de relance de l’attractivité des métiers et de nouveau modèle pour l’aide à domicile doit se poursuivre et se consolider. Et nos dirigeants doivent trouver les moyens législatifs et financiers de le concrétiser. C’est cela l’enseignement majeur qu’il faut tirer de la crise sanitaire, rien d’autre.
Patrick Haddad
Rédacteur du Journal du Domicile
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