Eternel recommencement
Après le premier confinement, le second confinement. Après des SAAD en première ligne, des SAAD en première ligne. Après le manque de considération pour le domicile, le manque de considération pour le domicile. Après un rapport sur le vieillissement, un autre rapport sur le vieillissement. Après un financement transitoire de l’aide à domicile, un nouveau financement transitoire de l’aide à domicile. Après un report de la loi grand âge, encore un report de la loi grand âge...
L’avantage avec ce système, c’est qu’on ne peut pas pêcher par inexpérience. L’inconvénient, c’est que tourner en rond n’est recommandé ni en temps de crise, ni en temps normal. Il y a donc bien un moment où il va falloir embrayer et passer à la vitesse suivante. Et le plus tôt sera le mieux car les paramètres sont connus et les acteurs sont prêts. Ils ne font pas que réclamer des moyens. Ils pensent aussi l’avenir du secteur.
Un avenir dans lequel l’aide à domicile devra à l’évidence être reconnue et financée à son juste niveau – le PLFSS 2021 que nous analysons ici n’est qu’une esquisse de ce point de vue- mais aussi où l’offre est amenée à évoluer en profondeur en réponse aux mutations sociétales qui sous-tendent la transformation des besoins liées à la perte d’autonomie. De la continuité entre le domicile et l’établissement, et entre l’aide et les soins, du partage efficient des rôles entre l’humain et la technique à la pertinence de l’implantation territoriale, toutes les bases de ce vers quoi il faut converger, de l’offre de demain, sont là. Et si tout n’est pas encore écrit, il n’y a pas d’autre réel frein que la détermination politique pour passer à l’acte.
Les crises sont des temps ambivalents où à la fois tout est chamboulé, l’essentiel doit demeurer et le renouveau advenir. Après le temps de la gestion de la crise vient celui de la reconstruction, celui où les enseignements sont tirés et les priorités sont revues. C’est de cette gestation que doit naître la prise de conscience qu’accompagner les personnes âgées dans leur projet de vie, dans une logique domiciliaire, n’est pas d’abord une charge mais un impératif de société. Et cela ne demande que trois choses au fond : dégager les moyens suffisants, faire confiance aux acteurs et réguler le système de façon à ce que personne ne reste sur le bord du chemin. C’est aussi simple que cela. Tout le reste n’est que volonté.
Patrick Haddad
Rédacteur du Journal du Domicile
Retour aux actualités