Entretien avec Anne-Hélène Decosne,
présidente de la Ffidec
Reconnaissance du statut des IDEC, création des IPAG, feuille de route sur la médicalisation des Ehpad : Anne-Hélène Decosne, présidente de la FFIDEC nous dit tout sur les priorités et les chantiers en cours de la fédération.
Depuis sa création en 2016, la FFIDEC travaille sur la reconnaissance du statut et des missions des IDEC en Ehpad. Où en est ce grand chantier ?
Anne-Hélène Decosne : Nous sommes depuis maintenant plusieurs années en lien avec la DGCS. Le process a un peu ralenti pendant la crise mais nous les avons à nouveau rencontrés fin janvier. Nous attendons beaucoup de la feuille de route de Marc Bourquin et Claude Jeandel qui, nous l’espérons, permettra d’acter véritablement nos travaux avant les élections.
Cela devient urgent et ce n’est pas une lubie de notre part. La crise a confirmé ce que tous savaient déjà : l’IDEC joue un rôle stratégique central dans l’Ehpad. Mais il faut aujourd’hui reconnaitre et acter ce rôle et notre expertise, également pour avoir les moyens nécessaires pour mener à bien nos missions et ainsi assoir un encadrement de qualité, défini et reconnu dans le but de l’amélioration des prises en charge des résidents et l’accompagnement des équipes Un accompagnement structuré et de qualité des équipes participera également à rendre notre secteur plus attractif.
L’idée est donc de mettre en place un groupe de travail en concertation avec les fédérations et les représentants des syndicats afin d’obtenir un consensus total autour de nos missions. C’est essentiel pour que chaque IDEC se sente légitime dans son poste.
Nous travaillons également sur le référentiel métier qui accompagnera le décret, ainsi qu’un référentiel formation car quand on sort d’école d’infirmière, on n’est pas formé à être IDEC. Il ne s’agira pas de mettre en difficulté les IDEC déjà en poste mais de renforcer certaines compétences. La réflexion est en cours sur le schéma de formation, mais ce qui nous semble essentiel c’est que, dans tous les cas, ce soit également accessible par la VAE.
Quel regard portez-vous sur la création d’infirmier en pratique avancée en gérontologie (IPAG) ? Ce type de profils ne peut-il pas embrouiller le travail fait autour du statut et des missions de l’IDEC ?
La FFIDEC soutient la création d’IPAG et on ne se sent pas du tout en danger. L’IPAG et l’IDEC interviendraient sur 2 volets complémentaires. Les premiers seraient formés pour de la recherche, du soin technique avec toute son expertise alors que les seconds sont concentrés sur le management, la coordination, la structuration et l’organisation des soins.
En revanche, pour nous, il y a un gros manque de communication et de transparence sur ce que sont les IPAG. Sur le secteur, personne ne sait vraiment ce que c’est, il faut sensibiliser les acteurs : qu’est-ce qu’on peut attendre d’une IPA ? Les contours sont flous, il faut de la pédagogie et il faut penser de façon globale à la complémentarité des actions dans le parcours de soins. L’IPAG aurait aussi toute sa place sur la télémédecine.
Au sein du rapport Jeandel-Guérin remis au gouvernement en juillet dernier, quelles actions devraient être déployées en priorité selon vous pour « mieux » médicaliser les Ehpad ?
Evidemment, la première recommandation à mettre en œuvre selon nous, c’est la N°8, qui concerne la mission des IDEC.
Les 25 propositions ont un poids et une valeur mais à notre niveau, nous mettrions surtout l’accent sur les recommandations relatives à l’architecture. La sectorisation des Ehpad a un impact fort en termes d’organisation des soins, et un réel intérêt.
Evidemment, les mesures relatives aux taux d‘encadrement et à la valorisation des métiers sont elles aussi prioritaires. Je suis très engagée dans l’accompagnement des équipes à retrouver du sens et des valeurs dans leur travail.
Enfin, le niveau de médicalisation des Ehpad, est lui aussi un sujet central. La crise a montré que l’hôpital ne peut pas se suffire à lui-même et que l’Ehpad a une vraie compétence gérontologique mais qu’on a besoin de former les équipes et d’équiper les établissements pour apporter les soins adéquats.
Un mot de la fin pour la communauté soignante en Ehpad ?
Un message important, je crois : je voudrais rappeler aux professionnels en Ehpad, toutes professions confondues, que l’on fait un très beau métier. On a une réelle expertise et on doit la mettre en avant, quelle que soit notre fonction.
Il ne faut pas avoir honte de nos métiers, il faut les mettre en avant. Travailler avec des enfants, ça peut paraitre plus noble mais en réalité, on sera tous un jour confronté à la vieillesse et à la dépendance – directement ou par un proche – et on sera content de trouver un accompagnement de qualité. Il y a beaucoup d’innovations et de belles choses qui sont faites, il faut les mettre en avant. Et j’invite chacun à nous rejoindre pour porter, avec nous, les belles valeurs de ce secteur.
Anne-Hélène DECOSNE sera présente aux assises des soins en Ehpad pour parler de la médicalisation de ces établissements, aux côtés de :
- Pr Claude JEANDEL, président du CNPG ;
- Marc BOURQUIN, conseiller stratégique à la FHF ;
- Dr Nathalie MAUBOURGUET, présidente de la FFAMCO ;
- Guillaume GONTARD, président de la FNAAS ;
- Didier SAPY, directeur général de la FNAQPA ;
Le sujet vous intéresse ?
Nous en parlerons aux Assises des Soins en Ehpad :
Alors, n’attendez plus :
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