En vain ?
2020, une année pour rien ? L’avenir le dira, et vite. Mais imprévisible à coup sûr. Malgré les prémisses il y a un an de cette étrange maladie venue de l’autre bout du monde, rien ne laissait présager un tel scénario et personne ne pouvait le prévoir. Rétrospective en 4 saisons.
Un hiver presque banal
Le premier trimestre s’annonçait presque comme tous les autres, avec toutefois quelques motifs d’inquiétudes. Nous sortions d’une crise sociale marquée par des perturbations majeures des transports qui avaient bien compliqué la tâche des SAAD. Le virus était encore loin mais pas absent du fond de l’air. Et puis, au moment des vœux, les acteurs du grand âge espéraient qu’enfin 2020 serait l’année du grand changement, de la grande loi. Avec un petit coup de semonce politique en février. Au terme d’un drôle de jeu de chaises musicales : Agnès Buzyn démissionnait pour laisser la place à Olivier Véran, dont le premier déplacement eu lieu dans un SAAD et qui confirma dès son arrivée l’imminence de la loi. Mais le printemps annonça une autre imminence.
Tsunami printanier
Le cataclysme sanitaire est arrivé presque sans prévenir. Presque, car en réalité nos voisins italiens étaient confinés un mois avant nous et le rapport d’enquête parlementaire vient de confirmer le retard des mesures prises par nos autorités. Retard dont ont souffert en premier lieu les fantassins de la première ligne : le médical et le médico-social, dont le secteur de l’aide à domicile. Avec pour ce dernier des difficultés bien plus grandes pour faire face à la crise en l’absence de considération et de soutien matériel, venus bien plus tardivement. Les SAAD ont donc dû regorger d’inventivité pour assumer, et bien, leurs missions tout en se préoccupant de leur propre pérennité, aidés en cela, reconnaissons-le, par le maintien des allocations départementales.
Espoir estival
Recul de la pandémie, nomination pour la première fois du quinquennat d’une Ministre déléguée à l’autonomie, Brigitte Bourguignon, qui lance le Laroque de l’autonomie dans la foulée, Président de la République qui interrompt ses vacances pour annoncer la prime Covid pour les salariés des SAAD, confirmation de la mise en place du 5ème risque, tout portait à croire au scénario de l’été indien, celui d’un dernier trimestre de concrétisation. Il n’en fut rien.
Déception automnale
De rapports en reports, difficile de trouver un motif de satisfaction dans l’actualité de l’aide à domicile depuis la rentrée. Laroque porté disparu, loi reportée en fin d’année 2021, rapport Vachey sur le 5ème risque décevant, PLFSS minimaliste sur le domicile, inégalités départementales persistantes, sans compter le 2ème confinement qui a fini d’aspirer l’énergie des professionnels du secteur pour qui la trêve des confiseurs vient à point nommé.
Faut-il pour autant désespérer ? « Never, never, never give up » disait Churchill. De cette crise est né aussi un esprit de résilience, une abnégation dans le combat, un courage dans l’épreuve auxquels on a moins besoin de faire appel en temps normal. Et de cette force nouvelle qui a traversé les classes sociales, les territoires et les secteurs d’activité, il doit et il devra rester quelque chose, de bon.
Patrick Haddad
Rédacteur du Journal du Domicile
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