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22 janvier 2021

Campagne de vaccination : va-t-on y arriver ?

paru dans Le Journal du Domicile

L’inquiétude est légitime face à la lenteur de la vaccination. Si l’arrivée rapide du vaccin a d’abord été une excellente chose, la sortie de crise est, elle, peu visible. Y-a-t-il malgré tout des raisons d’espérer ? Et à quel horizon ?

Dans ce feuilleton à rebondissements, il n’y a pas eu que des mauvaises nouvelles pour l’aide à domicile. Si l’on pense aux priorités vaccinales établies par la Haute Autorité de Santé, les aides à domicile ont été, pour une fois, considérés comme les soignants, avec une vaccination ouverte dès le 4 janvier pour celles et ceux d’entre eux ayant plus de 50 ans ou présentant des cas de comorbidité.

Quant aux personnes âgées de 75 ans et plus et vivant à leur domicile, la vaccination leur a été ouverte le 18 janvier, soit moins de 3 semaines après les résidents d’Ehpad. Là encore, c’est un peu mieux que d’habitude niveau considération. Le problème est ailleurs, dans la stratégie, l’approvisionnement et la logistique. Le rappel de quelques chiffres peut nous aider à y voir plus clair.

Horizon printemps pour le public prioritaire

Les plus de 65 ans sont 73% à vouloir se faire vacciner, la proportion la plus élevée de la population, contre 54% des Français en moyenne selon un sondage Ifop pour Lemon.fr publié le 17 janvier. Une proportion intéressante, puisque selon l’Institut Pasteur, il faut qu’environ 70% de la population soit immunisée, par contact naturel avec le virus ou par vaccination, pour pouvoir parler d’immunité collective.

Si l’on considère que la proportion est la même chez les 75 ans et plus et qu’eux-mêmes sont 6,365 millions, cela fait 4,64 millions de personnes âgées à vacciner. Les soignants au sens large, aides à domicile compris, sont près de 2,5 millions, avec une très forte appétence vaccinale. C’est donc près de 7 millions de personnes qu’il faut vacciner en s’en tenant aux critères de priorisation actuels. Une gageure quand on sait où l’on en est aujourd’hui.

En effet, depuis la toute première vaccinée et désormais célèbre Mauricette, le 27 décembre dernier à Sevran, et jusqu’au 21 janvier, 823 567 personnes ont reçu une injection en France, avec un rythme accéléré de 130 000 vaccinés par jour depuis la 2ème quinzaine de janvier. En tablant sur un maintien de ce rythme, ce qui suppose que les doses continuent d’arriver à la même vitesse, en considérant par exemple que la production de Pfizer dont le ralentissement est annoncé sera compensée par l’arrivée du vaccin Moderna, le nombre de vaccinés peut atteindre 2 millions en janvier, puis 4 millions par mois à partir de février. D’ici fin avril, ce sont donc 14 millions de doses qui pourront être injectées. Or, comme il faut 2 doses par personnes, à 3 ou 4 semaines d’intervalle, c’est toute la population des soignants et des personnes âgées de 75 ans et plus qui souhaitent être vaccinés qui pourront l’être à fin avril. Les autres viendront après.

La grande incertitude pour les autres

Or, les autres, pour atteindre un seuil minimum d’immunité collective, c’est au moins 20 millions de personnes. A raison des deux doses règlementaires pour chacune, c’est de 40 millions de doses dont il faudra disposer. Et au rythme de 4 millions de vaccination par mois, cela nous amène jusqu’à janvier 2022… Un horizon bien lointain. Il faut donc multiplier par trois le rythme d’approvisionnement en vaccins pour que la campagne vaccinale produise un effet sociétal d’ici l’été.

Nul n’est en mesure de dire si cette échéance sera tenue. Il ne serait pas totalement étonnant que même le gouvernement ne le sache pas, car si les capacités vaccinales en termes de professionnels, de locaux et de matériel sont bien présentes, l’approvisionnement demeure plein d’incertitudes. Mais l’échéance de l’été reste hautement souhaitable pour ne pas s’enliser collectivement dans une situation dépressive sur les plans psychologiques, économiques et sociaux.

En attendant, la meilleure chose que nous puissions faire collectivement, c’est de passer des messages pédagogiques et de responsabilité, à savoir que nous avons tout à gagner à la vaccination. Rappelons en effet que l’humanité n’est jamais sortie d’une pandémie sans vaccin, que l’efficacité des vaccins ARN Pfizer et Moderna est de 95% et qu’ils ont été soumis à des tests rigoureux. La défiance médicale n’amène rien de bon, à part du retard dans la sortie de crise déjà bien poussive, et pourtant urgente, en particulier pour nos soignants et nos séniors qui ont déjà payé un lourd tribut à cette pandémie.

 


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