Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’autonomie
De nombreuses organisations souhaitaient un ministre spécifiquement en charge des personnes âgées : elles ont été entendues par le Président de la République qui a nommé Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’Autonomie.
Quelques jours avant le remaniement ministériel du 6 juillet, des associations de professionnels ou de retraités s’étaient exprimées pour exiger un secrétariat d’Etat aux personnes âgées : finalement, elles auront un Ministère délégué à l’Autonomie en la personne de Brigitte Bourguignon.
Présidente de la Commission des Affaires Sociales, elle a donc vu passer pendant 3 ans tous les dossiers sanitaires et médico-sociaux. |
Cette ancienne secrétaire médicale, devenue fonctionnaire territorial au Conseil Général du Pas-de-Calais, va devenir députée socialiste en 2012 avant de se faire réélire en 2017, mais cette fois sous l’étiquette En Marche. Dès le début du quinquennat, elle se porte candidate à la présidence de l’Assemblée Nationale. Elle perd mais devient présidente de la Commission des Affaires Sociales, poste où elle verra donc passer pendant 3 ans tous les dossiers sanitaires et médico-sociaux. C’est même elle qui depuis quelques semaines présidait la commission d’enquête sur la crise sanitaire. D’ailleurs, le 6 juillet, elle était en plein débat au sein de cette Commission lorsqu’elle a appris, émue, sa nomination en direct, l’obligeant ainsi à clore immédiatement un débat qu’elle n’était plus de fait en capacité institutionnelle de présider.
Pour sa première expérience gouvernementale, Brigitte Bourguignon aura fort à faire. Elle arrive en effet juste au moment où le gouvernement vient de lancer l’idée d’une 5ème branche dont il ne sait pas encore précisément quel périmètre il va lui assigner. Elle arrive au moment où la Loi Grand Âge est bien loin de connaître l’impulsion qu’on pensait. Elle arrive au moment où se prépare un PLFSS pour 2021 dont son ministre de tutelle a récemment annoncé qu’il serait alimenté à hauteur de 1 milliard d’euros supplémentaire pour le grand âge. Elle arrive à un moment où le débat sur la gouvernance entre Conseils Départementaux et ARS et le supposé arbitrage rendu par le chef de l’Etat au profit des départements met les fédérations en ébullition.
Autre inconnue : son articulation avec son ministre de tutelle, Olivier Véran. Est-ce que celui qui a obtenu de haute lutte et en tapant du poing sur la table un arbitrage favorable sur la 5ème branche va désormais abandonner le dossier en le sous-traitant à sa ministre déléguée ou va-t-il continuer à être omniprésent pour montrer que cette réforme est bien la sienne ? On sait qu’Olivier Véran ne voulait pas de secrétaire d’Etat et donc encore moins de ministre déléguée. On sait aussi qu’il était suprêmement agacé par le comportement quotidien de Sophie Cluzel, alors secrétaire d’Etat au handicap auprès du premier ministre. On sait enfin que dans l’histoire les relations entre un Ministre de tutelle et son ministre délégué ont pu se révéler fluides autant qu’elles ont pu devenir cruelles…
Mais Brigitte Bourguignon arrive aussi dans un contexte où le Premier Ministre, ancien conseiller social de Sarkozy à l’Elysée et son directeur de cabinet, ancien directeur général de l’Assurance-Maladie, connaissent parfaitement les sujets liés au grand âge. Là, pour le coup, ce peut être gage d’efficacité.
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C’est un hasard, mais il fait bien les choses. Nouveau Premier Ministre, Jean Castex est bien connu du monde sanitaire et social. Evidemment parce qu’il fut successivement directeur des Hôpitaux (actuelle DGOS) au Ministère de la Santé de 2005 à 2006, directeur de cabinet de Xavier Bertrand, ministre de la Santé de 2006 à 2007 puis conseiller social de Nicolas Sarkozy en 2010.
Mais quelques directeurs d’Ehpad du sud de la France se souviendront peut-être de lui en qualité de directeur de la DDASS du Var, poste qu’il occupe en 1996. Affectation étonnante pour un haut-fonctionnaire qui, 5 ans avant, sortait de l’ENA, direction la Cour des Comptes.
Pour diriger son cabinet à Matignon, il a choisi un autre spécialiste des questions sociales. Et pas n’importe qui. Nicolas Revel, fils du journaliste Jean-François Revel et de la « grosse tête » Claude Sarraute, est depuis 2014 directeur de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie après avoir été secrétaire général-adjoint de l’Elysée de 2012 à 2014 sous François Hollande où il constituait un binôme avec un certain Emmanuel Macron.
Enfin, la directrice chargée de la communication à Matignon, Mayada Boulos, est une ancienne du cabinet de Marisol Touraine. Passée depuis chez Havas, elle fut notamment responsable de la campagne lancée en début d’année par le Synerpa sur les métiers du grand âge.
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