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17 mars 2016

Associatif, commercial, public :
à chacun sa stratégie ?

Aujourd’hui, sur les 6000 Ehpad de France, 50% sont publics, 30 % sont gérés par le secteur privé à but non lucratif et 20% relèvent du secteur commercial. Chaque secteur a ses avantages et ses contraintes, ses atouts et ses boulets. En fonction de cela, comment abordent-t-ils les enjeux d’avenir ?

Envisage t-on différemment l’avenir selon que l’on est un gestionnaire qui évolue dans le secteur public, associatif ou commercial ? A l’évidence, chaque secteur compte encore des caractéristiques propres.

Secteur public : accessibilité sociale vs qualité de l’accueil

Le secteur public est censé être animé par la notion de… « service public ». Sauf qu’aujourd’hui il n’a plus à l’évidence le monopole « du » service au public. Dans un monde où le fonctionnement des Ehpad s’est très largement harmonisé, la spécificité du secteur public est bien moindre qu’avant.

Lui reste toutefois une arme : il est censé être le plus accessible socialement. Il est vrai qu’en moyenne les Ehpad publics ont non seulement les tarifs hébergement les plus faibles mais ont tous de surcroît et par essence une offre d’accueil entièrement habilitée à l’aide sociale.

Cette arme est aussi un boulet. Car cette habilitation à 100% à l’aide sociale donne au secteur public une rigidité sur son volume de recettes qui ne lui a pas permis partout d’affronter avec succès le défi de la modernisation et notamment de la modernisation immobilière.

Si leur proximité avec l‘hôpital offre souvent aux Ehpad publics une qualité des soins de bon niveau, beaucoup ne voit pas pour autant où trouver les crédits leur permettant de rénover leur bâti. Faut-il alors multiplier les « déshabilitations » au risque de perdre son âme ? Sinon, n’est-ce pas en laissant se dégrader ses conditions d’accueil que cette âme sera plus sûrement encore perdue ?

Secteur commercial : efficace mais trop cher ?

Le secteur commercial est à l’évidence celui qui au cours des 15 dernières années a connu la plus forte croissance. 20.000 lits en 1986 contre plus de 100.000, trente ans plus tard. Pour autant, il ne faut confondre le flux et le stock puisque malgré cette forte hausse le secteur commercial ne représente que 20% des lits d’Ehpad en France. On est loin du raz-de-marée.

Si la qualité de leurs prestations n’est plus à prouver, les « lucratifs » (terme utilisé par ceux qui honnissent le secteur « commercial »…) continuent toutefois ici ou là à subir une forme plus ou moins avouée d’aversion. Certains départements se font un point d’honneur à avoir bouté le commercial hors de leurs frontières. Et à qualité égale, nombre d’autorités publiques continuent à avoir les yeux de Chimène pour les « non-lucratifs ».

Mais le secteur commercial a une arme pour lui : il ne coûte pas un euro de subvention publique et est capable de sortir un Ehpad de terre en moins de 18 mois. Il le fait pourtant au prix de tarifs hébergement généralement plus élevés que la moyenne ce qui lui donne l’image d’un secteur moins accessible socialement que les autres.

Devant les défis à venir, le secteur commercial a aussi un handicap culturel : il est resté assez monomaniaque sur les Ehpad et ne s’est pas autant diversifié, notamment vers l’innovation ou le domicile, que les autres secteurs. En revanche, c’est lui qui est désormais l’ambassadeur du savoir-faire français à l’étranger puisque c’est là qu’on y trouve les groupes qui désormais s’installent partout en Europe.

Secteur associatif : la belle et la bête

Il y a deux secteurs associatifs : celui qui gagne et celui qui souffre… Le secteur associatif est longtemps resté coincé entre un secteur public, censé incarner par essence l’intérêt général et un secteur commercial, plus dynamique que tous les autres. Mais il semble aujourd’hui avoir trouvé son identité et sa voie, avec notamment la montée en puissance de l’Economie Sociale et Solidaire qui propose de mettre l’efficacité et la modernité de « l’entreprise » au service de l’intérêt général.

Mais ce positionnement gagnant n’est malheureusement pas généralisé à tout le secteur privé non lucratif. A côté d’un associatif en plein mouvement, on retrouve aussi tout un pan du secteur qui souffre. Qui souffre d’une image « défraichie », d’un manque de modernité, d’une faible capacité à investir dans son immobilier et d’un « éparpillement » des acteurs.

Normal dès lors que les regards se tournent de plus en plus vers le secteur associatif « qui marche ». Qu’il émane du monde des mutuelles ou des grands réseaux comme Arpavie, la FCES ou évidemment le groupe SOS, véritable symbole de l’ESS gagnante.

Pour débattre de toutes ces questions, nous voulions des acteurs significatifs venant des trois secteurs.

Pour le secteur public, Florence POUYOL, directrice générale du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, qui gère près de 2.500 lit d’Ehpad publics.

Pour le secteur associatif, Jean-Marc BORELLO, président du groupe SOS et considéré comme le charismatique « pape de l’ESS »

Pour le secteur commercial, Christine JEANDEL, ancienne DG de Medica France et présidente depuis peu du groupe Colisée Patrimoine, groupe commercial porté notamment par le fonds d’investissement Eurazéo.

Enfin, Marc BOURQUIN, grand témoin des évolutions du secteur depuis le début des années 2000, donnera sa perception de directeur du pôle médico-social de l’ARS Ile de France.

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