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Les news d'avril 2022 analysées par nos soins
Un nouvel observatoire pour le grand âge
C’est une organisation d’un genre nouveau qui a vu le jour le 8 avril dernier à Montreuil. Loin de l’académisme et des Think tanks, adossé à une association, l’Observatoire du grand âge (Ogra) se veut avant tout citoyen. Et pour cause, ce sont les lanceurs d’alerte à l’origine du livre « Les fossoyeurs » de Victor Castagnet, qui en sont à l’initiative.
Le premier d’entre eux, Laurent Garcia, cadre de santé à l’Ehpad public les Quatre saisons de Bagnolet, porte ce projet depuis plusieurs années. Au programme ? Que du qualitatif : faire remonter les dysfonctionnements, être force de propositions générales et thématiques sur la base d’entretiens auprès de résidents, de familles et de professionnels.
A l’évidence tourné vers les Ehpad, l’Ogra veut s’imposer médiatiquement et s’intéresser aussi au domicile. On ne peut que l’encourager dans cette voie s’il souhaite mener un réel travail prospectif sur le grand âge et non uniquement surfer sur la crise Orpea et l’agenda présidentiel.
Collectivement pour l’habitat inclusif
3ème voie entre le domicile et l’Ehpad, le dispositif a le vent en poupe. Rebaptisé habitat « accompagné, partagé et inséré dans la vie locale (API) » par la loi de 2019, avec un succès relatif, il a été clarifié institutionnellement l’année suivante par le rapport Piveteau-Wolfrom. Si sa croissance est significative avec actuellement environ 5000 habitats de ce type, il reste loin de son potentiel à en croire les spécialistes qui le considèrent à la fois comme un lieu sécurisant, avec surveillance humaine et panel de services pour bien vieillir, et comme un véritable domicile.
C’est donc en se fixant l’objectif ambitieux de « 150 000 en 2030 » que le collectif composé de 12 partenaires* s’est auto-baptisé et s’est fixé comme feuille de route de faire sauter les derniers verrous bloquant l’avènement de l’habitat inclusif. Tout d’abord l’engagement indispensable, plein et entier de tous les départements, contre 30 d’entre eux fin 2021. Puis une plus grande transparence sur l’attribution des autorisations, davantage d’équité dans la distribution de l’allocation AVP, ainsi que l’accès systématique et sans difficulté au crédit d’impôts.
Le collectif plaide également pour une « vraie politique de développement de l’habitat partagé qui repose sur de vrais moyens financiers » dans le cadre d’une future loi autonomie du quinquennat qui s’ouvre. Tout est question de volonté politique, en somme.
*Les Pénates, Epic Coliving, La Maison de la diversité, Vila Nouvelle, La Maison de Blandine, Vitalliance, Ages&Vie (développé par Korian), Watt Home, Auxilife, Domani, Cosima, Monsenior
Une prime carburant pour les aides à domicile ?
Parmi les inquiétudes créées par la flambée du prix de l’essence, celle des aides à domicile est particulièrement criante. Elles cumulent en effet de difficiles conditions de travail, des salaires peu élevés et de nombreux kilomètres à parcourir. Face aux 300 à 400 kilomètres hebdomadaires effectués en milieu rural, le cumul de l’indemnité de 0,22 à 0,35 euro par km et de 18 centimes par litre accordée par le gouvernement, s’avère insuffisant. Et le relèvement de 10% du barème de l’indemnité kilométrique de 10%, qui ne concerne de facto que les ménages imposables, se révèle inopérant pour les aides à domicile qui la plupart du temps ne le sont pas.
D’où la démarche engagée par quatre fédérations professionnelles, la Fédésap, l’UNA, le Synerpa Domicile et la Fesp, pour interpeller les pouvoirs publics par voie de presse depuis le 7 avril et réclamer le versement par l’Etat via la CNSA et les Conseils départementaux, d’une subvention exceptionnelle aux SAAD, SSIAD, SPASAD, CSI et CSP, quel que soit leur statut juridique, charge à eux de la répercuter sur leurs salariés. A moyen terme, la fin de l’utilisation des véhicules personnels des aides à domicile dans le cadre professionnel est aussi à réfléchir…
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C’est pour rappel, en net mensuel, la revalorisation accordée aux soignants dans le cadre du Ségur de la santé, que le Premier Ministre a proposé le 18 février dernier d’étendre aux travailleurs sociaux. Si la question est réglée pour les aides à domicile relevant du secteur associatif via l’avenant 43, elle ne l’est toujours pas pour les salariés des entreprises.
Ces dernières via leurs fédérations professionnelles ont indiqué y être favorables et se disent prêts à signer un accord avec les partenaires sociaux… à condition que l’État et les départements compensent cette revalorisation. Confirmation, s’il en fallait une, que le débat sur la tarification des SAAD n’est pas clos.
« Avoir la chance de profiter de cette opportunité que représente une plus grande longévité, doit nous permettre d’exprimer encore mieux que ceux qui nous ont précédé, la richesse de cet être humain, avec ses qualités exceptionnelles et ses vicissitudes. N’est-ce pas à la population de personnes âgées que nous représentons, bénéficiant de ce supplément de vie, d’incarner davantage ce caractère spécifiquement « humain », fait d’une multitude de paradoxes, dont la prise de conscience et la capacité à les assumer, doit continuer à faire de lui un être plein de vie, non seulement adapté à son environnement en perpétuelle évolution, mais capable de réfléchir à un futur plus responsable. »
Jean-Daniel Remond,
Président d’Old’Up, mars 2022
Pour lire le texte complet : https://www.oldup.fr/accueil/1003
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