Actus dom’ – Data dom’ – C’est dit
Les news de Février 2021 analysées par nos soins
Laforcade, point d’étape
Michel Laforcade, ex-directeur général de l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine, a été missionné en novembre par la ministre Brigitte Bourguignon pour élaborer un « plan d’action pour les métiers du grand âge et de l’autonomie ». Une mission qui avait suscité quelque scepticisme eu égard à la multiplication des rapports mais l’avortement des décisions effectives concernant l’attractivité des métiers. Toutefois, le travail confié à Michel Laforcade a précisément pour objet de concrétiser les mesures développées dans le cadre des rapports de Myriam El Khomri et de Dominique Libault.
Si le rendu final est attendu à l’été, un point d’étape a été formalisé le 30 janvier dernier. Un document de synthèse clair, mais dont on connaissait déjà, non seulement les éléments de contexte et les constats, mais aussi une grande partie des propositions, issues des rapports précités telles : mettre en place une plateforme d’intermédiation en ligne par le Ministère des Solidarités et de la Santé pour recruter tout professionnel de santé ou médico-social ; refondre entièrement la formation des aides-soignants ; porter l’alternance à 10% des nouveaux diplômés et la VAE à 25% ; ou encore faire financer par l’État 16000 places supplémentaires dans les formations sanitaires et sociales.
Les modalités de mise en œuvre et surtout le go politique sont eux attendus de pied ferme, au moment où la presse se fait plus que jamais l’écho de la fuite des salariés du grand âge non concernés par les mesures du Segur de la santé.
Old lives matter
Régulièrement relayée dans nos colonnes et invitée à nos assises, on connait l’association Grey Pride, son originalité, son dynamisme et son franc-parler. Une fois de plus, elle ne nous a pas déçus avec sa campagne #postdevioc sur les réseaux sociaux. « Changeons de regard sur les vieux et les vieilles, bâtissons un avenir qui nous permette d’envisager notre vieillesse sereinement dans le respect de ce que nous sommes » développe son président fondateur Francis Carrier.
Avec l’art et la manière d’aborder via des dizaines de posts, des sujets essentiels tels l’habitat « vieux, vieille, mais tous différents, alors pourquoi vivre dans des lieux uniformes », le désir « vieillir sans désirs c’est mourir à petit feu », la pluralité des identités sexuelles « hétéro, gay, bi, lesbienne, jusqu’au dernier jour de ma vie ! » et l’existence « vieux ou vielle, nos vies comptent », entre autres messages percutants. Une parole plus que jamais nécessaire sur le fond et sur la forme.
https://www.greypride.fr
Crédit d’impôts, pas de rabot
Un risque pesait sur l’exonération fiscale majeure, principale source de financement des services à la personne : le crédit d’impôt. Ce risque était de le limiter aux services se déroulant stricto sensu au domicile et non plus à ceux faisant le lien entre le domicile et l’extérieur à savoir, entre autres : la livraison de courses, la collecte et la livraison de linge repassé, l’accompagnement des enfants ou des personnes âgées depuis leur domicile. Ces prestations sont depuis 1996 éligibles à la réduction/crédit d’impôts. Mais le Conseil d’Etat dans une décision du 30 novembre 2020 faisait une interprétation plus limitative de l’article 199 sexdecies du Code général des impôts, excluant les services précités.
Le gouvernement par la voix d’Olivier Dussopt, Ministre délégué chargé des comptes publics, a, heureusement pour le secteur, décidé de maintenir l’éligibilité au crédit d’impôt de ces services, toujours à condition qu’ils soient inclus dans une offre plus large de services à domicile. Une décision à confirmer dans une prochaine loi de finance afin de mettre fin à tout risque lié à l’arrêté du Conseil d’Etat.
970€
Il s’agit du salaire net moyen des intervenants à domicile, selon le communiqué des quatre fédérations associatives du secteur de l’aide à domicile qui « en appellent aux Français pour les soutenir dans leurs revendications et interpeller leurs élus ». C’est l’initiative « urgence domicile » portée par Adedom, l’ADMR, la FNAAFP/CSF et l’UNA.
Avec un mot d’ordre volontairement dramatisant « vous ne pourrez bientôt plus choisir de rester à domicile » pour des revendications légitimes : une loi grand âge et autonomie ambitieuse, la revalorisation des métiers de la branche de l’aide à domicile et des financements pour couvrir les besoins et accompagner les évolutions des services. Le mode opératoire est lui plus original puisqu’il consiste à demander aux Français d’interpeler leurs élus pour faire valoir ces revendications : ministres par twitter, parlementaires par mail. A vos claviers !
https://urgencedomicile.org/
« La crise sanitaire justifie une vigilance éthique particulière mais non pas une éthique d’exception. »
Fabrice Gzil, philosophe à l’Espace éthique Ile-de-France
La phrase est issue du document repère « Pendant la pandémie et après. Quelle éthique dans les établissements accueillant des citoyens âgés ? » commandé par la ministre Brigitte Bourguignon au philosophe, remis en janvier et élaboré suite à une consultation de plusieurs milliers de personnes fin 2020.
Il comporte dix chapitres qui sont autant de points d’attention, mais également quelques réflexions particulièrement éclairantes. On peut notamment y lire que « les principes et les valeurs éthiques constituent des repères qui permettent de s’orienter même dans les temps de crise » et que « c’est parce qu’ils sont stables que l’on peut s’y référer et s’en servir de point d’appui lorsque nos certitudes vacillent ».
On y apprend aussi que « la pandémie conduit à mieux percevoir le rôle crucial joué par les professionnels, les familles et les bénévoles pour accompagner les résidents de manière globale ». Un document repère utile et éclairant donc, qui non seulement met les professionnels au cœur du questionnement éthique mais reconnait aussi leur rôle clé dans l’éthique de l’accompagnement.
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