3 innovations qui retiennent l’attention
Nous n’avions pas conduit cet exercice depuis longtemps, et pourtant, il est utile. Au-delà du cadre institutionnel qui garantit le bon fonctionnement du secteur et des grandes décisions politiques qui conditionnent son avenir, les services continuent de se déployer sur le terrain… et d’innover !
S’il est impossible de rendre compte de façon exhaustive de la richesse créative des entrepreneurs, un focus peut être fait sur plusieurs innovations, trois ici, qui correspondent à autant de solutions à des besoins jusqu’alors peu ou mal couverts.
Il se sera écoulé pile un an entre l’idée, qui a germé lors d’échanges avec des SAAD au salon des services à la personne 2019, et l’aboutissement du projet imaginé par les concepteurs de Courseur PRO. Ces derniers se sont fixés pour objectif de résoudre un point noir : l’utilisation par les aides à domicile des moyens de paiement des personnes âgées, avec les problèmes de suivi et de transparence que cela pose.
Finis donc les remises d’argent liquide, chèques en blanc et autre gestion à la petite semaine d’une fonction indispensable, celle d’effectuer les courses de première nécessité pour le compte des personnes en perte d’autonomie. Comment ? A travers un système complet combinant deux briques technologiques : la fourniture de cartes bancaires dédiées avec ouverture de comptes spécifiques, via la société Anytime, et une application, Mollie, générant des prélèvements Sepa de façon rapide et sécurisée.
Courseur PRO compile les deux et permet la traçabilité. Le manager sait ainsi en quelques clics quel salarié a fait les courses, pour quel bénéficiaire, et quel montant a été dépensé, photo du ticket de caisse à l’appui. La personne âgée ou ses représentants via leurs identifiants peuvent aussi suivre ces informations en ligne. Le système d’un point de vue économique fonctionne avec un abonnement par agence, dont le montant varie avec le nombre de cartes, cartes qui sont affectées aux aides à domicile. Il présente donc comme avantage le gain de temps de travail administratif, la sécurisation des paiements et la traçabilité pour l’ensemble des professionnels.
Une quinzaine de clients représentant une cinquantaine d’agences ont déjà été séduits en quelques semaines par cette solution innovante, opérationnelle depuis fin 2020.
Autre problématique récurrente, la garde de nuit, souvent onéreuse, des personnes âgées qui ne peuvent rester seules. La start-up Ernesti, fondée par deux jumeaux fils de médecin ayant constaté ce manque récurrent, a pensé à mobiliser les étudiants en santé pour faire d’une pierre deux coups : démocratiser la garde de nuit, tout en la sécurisant. L’objectif est aussi de limiter les hospitalisations et les entrées en Ehpad, ainsi que de développer les liens intergénérationnels.
Si la plateforme a ouvert en 2017, l’accélération de l’activité est notable depuis le début de la crise sanitaire. A 104 € la nuit, soit 52 € après déductions fiscales, l’offre est attractive. 5500 étudiants en santé sont inscrits sur la plateforme pour plus de 15000 nuits réalisés.
Une levée de fonds de 310 000 € et un partenariat avec les grandes caisses de retraites complémentaires (AG2R, Malakoff-Humanis, Agirc-Arcco) accompagnent actuellement le développement de la start-up.
C’est à la base la plateforme créée par Engie pour rassembler les acteurs du bien vieillir. Elle a désormais rejoint le groupe SOS et se concentre sur la lutte contre l’isolement des personnes âgées, qui fait l’objet d’une attention toute particulière depuis le début de la crise sanitaire.
L’offre combine un outil numérique et l’intervention d’une équipe de professionnels du lien social. Elle permet de déployer d’une part des services d’accompagnement renforcé, type aide administrative, formation au numérique, appui à la recherche d’aides individuelles ou accompagnement à la prise de rendez-vous, d’autre part, des ateliers collectifs de prévention pour travailler sur les fragilités des personnes âgées, de la nutrition à la mobilité, en passant par les activités physiques et la prévention des chutes.
L’originalité consiste dans la notion de « projet de lien social » et dans le mode opératoire qui conjugue outre la plateforme numérique et les équipes opérationnelles de terrain, les ressources des établissements du groupe SOS ainsi qu’un réseau de partenaires locaux et nationaux. Et tout cet ecosystème est mis à disposition, non pas des personnes âgées directement, mais des acteurs institutionnels, bailleurs ou établissements médico-sociaux. Un modèle économique qui devra faire ses preuves dans les années à venir.
Patrick Haddad
Rédacteur du Journal du Domicile
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